Lorsque le coq perd la vie, l'homme perd le coq, sa mise et parfois la tête.
Parce que perdre un coq aujourd'hui, c'est faire le deuil de plusieurs mois de travail et d'espoir.
Sous la chaleur des tropiques, le "coqueleux", propriétaire de coq, s'acharne à préparer son lutteur pendant plus d'un an.
Le coq antillais est toiletté. On lui déplume le dos, le ventre et les cuisses.
Le danseur se trouve allégé et «cela évite la surchauffe des corps durant les combats».
Ainsi mise à nue, la peau est badigeonnée de tafia, ce rhum de seconde qualité, et exposée au soleil.
Elle se durcit, devient rouge vif et forme une carapace dure et insensible.
Tout est fait pour éviter la perte de sang qui nuit à la combativité.
Les rémiges (chacune des grandes plumes de l'aile)sont taillées.
Les caroncules, excroissances charnues et rouges qui ornent la tête, sont coupées.
La crête est rasée pour ne pas laisser de prises à l'adversaire.
Enfin, les ergots sont sectionnés après que l'oiseau a atteint douze à quatorze mois.
Pour le combat, on fixera une aiguille métallique sur chaque patte afin d'éviter les blessures sanglantes (dues à l'aspérité de l'ergot naturel) et pour rapprocher les chances des deux animaux qui n'ont pas tous naturellement les mêmes atouts.
En Martinique, l'attribut naturel est conservé, mais il est taillé en pointe.
S'il n'est pas suffisamment développé, on greffera l'ergot d'un coq mort sur le combattant.
Le coq des îles est très léger, nerveux, vif et élancé. Il est rapide et résistant.
Les reproducteurs viennent d'Espagne et les critères de sélection sont réputés naturels.
L'oiseau terrestre est élevé et entraîné avec "amour", tel un athlète.
Chaque matin, l'éleveur impose au coq dix à quinze minutes d'exercice.
Puis il le baigne et l'expose au soleil. Tous les soirs, le champion est massé et frictionné avec du "bay rhum".
Pour frapper son adversaire, le coq doit bondir, arquer son corps, projeter les pattes en avant, frapper les tarses et retomber en équilibre sur le sol.
Le but de l'entraînement consiste à renforcer les muscles des jambes et des ailes, à accroître le sens de l'équilibre et à donner du souffle.
Quelques mois plus tard, des combats d'essai décideront des concurrents de la saison à venir.